On est ce que l’on mange

Une nouvelle conférence de Gilles Lartigot, « On est ce que l’on mange », aura lieu le 23/05/2014 à Strasbourg.

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Conférence-débat autour de la permaculture à Aubagne le 26 mars

conference-permaculture-26-03-2014Résumé de la conférence d’Eric Escoffier à l’initiative de l’association ATTAC Pays d’Aubagne

Le contexte

19 heures, la salle polyvalente de la vie associative d’Aubagne est comble, une centaine de personnes y ont pris place et les sièges commencent à manquer. La mère d’Eric Escoffier présente le débat ainsi que son fils en quelques mots et lui laisse la parole pour le début de la conférence.

Une dizaine de « paper boards » déjà en partie écrits complètent de façon apparemment désordonnée le « tableau » derrière lui. C’est sans micro qu’Eric va s’exprimer tout au long de son intervention, permettant au public d’interagir avec lui pour tout questionnement, même si le jeu des questions-réponses est annoncé en fin de conférence. On comprend vite que c’est plus en passionné d’agriculture qu’en conférencier avisé qu’Eric va nous présenter la permaculture.

Une fois placé dans le ton du débat, la présentation d’une heure environ peut commencer, sans avoir bien-sûr la prétention de tout expliquer dans un laps de temps si court, puisqu’il faut quinze jours de formation pour obtenir le certificat « CDP » permettant une exploitation professionnelle.

Présentation résumée de la conférence

L’idée autour de la permaculture s’articule autour de deux axes : la pérennité de la culture (permanent culture) et son aspect social / éthique.

Son origine récente vient de pays anglo-saxons et fait suite à des réflexions sur l’agriculture traditionnelle et les conséquences qui en découlent : l’agriculture traditionnelle est essentiellement de type monoculture donc « concurrentiel » (seule l’espèce à cultiver doit occuper le terrain, les autres doivent être éliminées) et ce constat montre qu’elle est en fait contre-nature parce qu’un environnement durable ne peut être viable sans diversité d’espèces. Pour « survivre » et être rentable, l’agriculture traditionnelle a donc besoin d’être gavée d’engrais issus de la pétrochimie, le milieu se trouve alors pollué et les terres s’appauvrissent entraînant un cercle vicieux pour l’homme qui doit dépenser de plus en plus d’énergie pour maintenir le système en vie.

Au final, cette agriculture classique, pourtant utilisée dans ses grands principes depuis fort longtemps par l’être humain, consomme plus qu’elle ne produit : elle consomme 10 pour ne produire qu’1, et elle s’est historiquement révélée être une usine à produire des déserts.

Devant ce constat d’échec, la permaculture se place en système alternatif à l’agriculture traditionnelle : elle n’a pas besoin d’engrais chimiques, ne consomme pas de pétrole, ne consomme pas les ressources des générations futures, se suffit à elle-même en produisant plus qu’elle ne consomme en inversant le rapport de l’agriculture traditionnelle puisqu’elle peut être jusqu’à 100 fois plus rentable énergétiquement que l’agriculture classique.

Comment ?

Toute exploitation en permaculture doit démarrer par une phase de « design », qui regroupe la conception, la planification, l’aménagement du terrain, l’organisation, avec deux leitmotiv : Ethique et Efficacité.

Il faut faire en sorte de construire un système qui soit « résilient », c’est à dire pas ou peu affecté par les perturbations de tous ordres. Une grande partie de la réussite tient dans le fait que les espèces composant le système forment un cycle de vie, les produits issus d’une espèce alimentant les besoins d’une autre et ainsi de suite jusqu’à fermer la boucle.

Pour la mise en place d’un tel système, il est important de connaître les quelques principes de base suivants :

  • Les feuilles ne sont pas faites pour recevoir toute la lumière du soleil en direct, elles doivent être protégée au moins partiellement de ces rayons ;

  • Ne pas enfouir de la matière organique dans le sol ;

  • Le sol doit impérativement être couvert (par des feuilles ou autres), cela maintient en vie les insectes, vers et autres micro-organismes indispensables à la survie des plantes en maintenant l’humidité en place ;

  • Pas besoin d’irriguer, les plantes ne peuvent pas consommer l’eau directement, elles puisent leur eau via des échanges chimiques avec les champignons entourant leurs racines ;

  • Diversifier les espèces permet de créer une sorte de « coopération » inter-espèces indispensable à l’autonomie et la rentabilité de la parcelle, le système n’étant pas « concurrentiel » ;

  • Les surplus de production doivent être redistribués : aux hommes, aux animaux, à la terre, cela participe du cycle et de l’aspect éthique.

Conclusion

La comparaison entre une agriculture traditionnelle fonctionnant à grands coups d’engrais, d’engins motorisés évoluant sur d’énormes surfaces dédiées à la monoculture, d’un côté ; et une nouvelle agriculture tellement respectueuse des besoins de la nature qu’elle se suffirait presque à elle-même en limitant au strict minimum l’intervention de l’être humain, de l’autre ; ne laisse que peu de place aux choix que nous devrons faire non seulement pour l’avenir, mais aussi pour le présent. Seuls un coût de l’énergie faible (1 litre de pétrole= 24h de travail de 100 esclaves) et une logique de rentabilité à très court terme sans se soucier des conséquences à venir et dénuée d’éthique, à l’image de notre société, expliquent l’importance actuelle de l’agriculture traditionnelle. Mais l’alternative existe bel et bien et semble à portée du plus grand nombre.

Pierre